« Depuis 1905, le 9 décembre marque en France la date anniversaire de la loi concernant la séparation des Eglises et de l’Etat. Son article 1er commence ainsi : « La République assure la liberté de conscience. »
A distance du contexte historique de l’époque, nous sommes toujours fortement attachés au respect des autres et de leurs convictions et à tout ce qui contribue au vivre ensemble et à la paix civile.
Le mutualisme est l’union des volontés, des forces et des ressources de celles et ceux qui s’associent librement pour mieux se protéger ensemble face aux aléas de la vie.
La MGEN s’investit et agit pour promouvoir la laïcité. Par exemple, des débats ont été organisés cet été sur ce forum et lors d’une table ronde de l’Assemblée générale, le 7 juillet dernier. La laïcité est inscrite dans nos statuts. Notre mutuelle est une construction sociale engagée et de conviction.
La laïcité n’est ni l’ignorance ni le rejet des différences. La neutralité de l’Etat et des services publics constitue l’un des piliers du vivre ensemble au sein de la République Française.
Tel est notamment le sens de notre engagement dans la réserve citoyenne de l’Education nationale.
Pour aller plus loin, nous vous proposons d’échanger sur le sens de la laïcité et sa mise en œuvre.
Quelles pratiques de la laïcité sur les trois champs suivants : le champ public (écoles, hôpitaux…), le champ civil (la rue, les commerces, les transports…) et le champ privé (domicile, lieu de culte…) ?
Quelles actions déjà menées ou à mener ? Avec qui ? Comment ?
Nous vous proposons de déposer ici vos témoignages, notamment au sein de l’Ecole, pour les partager. »
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13 contributions
Avec les maisons de retraite les personnes agées ont besoin de commuication
et pourquoi pas avec les adhérents de plus de 70 ans?
L’expression non-croyant est désagréable. Elle exprime un manque et un rationaliste pourrait dire que les croyants sont irrationnels.
Les termes mécréant , infidèle, athée, agnostique, non-croyant … ne sont pas adaptés au » vivre ensemble » car ils expriment trop bien un refus d’une interprétation rationnelle du monde . L’apprentissage de la tolérance est pour les religieux.
Et c’est en cela que la loi de 1905 est libératrice car elle place toutes les interprétations comme des opinions.
Autant je trouve que les termes mécréant et infidèle peuvent avoir une connotation négative, autant athée et agnostique sont des termes neutres qui, comme quelqu’un le disait plus bas, peuvent être considérés comme une croyance à part entière.
Pour le « non-croyant », le terme ne me dérange pas, mais je comprends votre point de vue à ce sujet. En tout cas, je pense que débattre sur les termes à utiliser empêche de se focaliser sur d’autres thématiques plus importantes de la laïcité. L’important est que chacun accepte le terme utilisé pour sa croyance personnelle, et respecte celui choisi par les autres. C’est aussi ça la tolérance.
Bonne soirée !
L’Etat se doit d’être garant de l’unité nationale. Il est donc bien naturel que pour ce faire il se situe au-delà des expressions individuelles idéologiques ou religieuses qui ont droit de cité dans une démocratie. C’est bien ce que dit la loi de 1905 dans ses 2 volets : séparation des églises et de l’état et liberté de conscience. Communément c’est donc le principe de laïcité qui est énoncé.
Est-ce à dire que ce principe de laïcité se substitue et transcende les croyances et les idéologies ?
Bien sûr je ne le pense pas : il pose un cadre de vie de notre société pour qu’elle vive de façon apaisée. Le « vivre ensemble » implique la compréhension et le respect de l’autre dans ses choix différents sous réserve « qu’il ne trouble pas l’ordre public ». Il n’y a donc pas pas de place pour l’ostentation outrancière, le prosélytisme exacerbé, le jugement péremptoire de ceux qui pensent différemment. L’autre dans ses choix différents reste un être social estimable. La laïcité n’est pas la réponse à tous les comportements humains mais elle doit être un vecteur de tolérance dans la pluralité des croyances et des opinions. Elle est une valeur positive si elle facilite les rapports humains. Les croyances religieuses doivent également avoir cette fonction par-delà les fanatismes, les extrémismes et les fondamentalismes qui se manifestent encore. Ils sont très minoritaires mais terriblement actifs…
Il convient de bien prendre en compte qu’il n’y aucune incompatibilité entre laïcité et croyance religieuse et que les croyants ont les mêmes droits que les non-croyants pour s’exprimer publiquement sur les problèmes de société sans qu’ils soient relégués à la sphère obscurantiste.
Nul ne peut se prévaloir de détenir la Vérité. L’Histoire nous rappelle toujours que ceux qui voulaient imposer un modèle unique de pensée finissaient toujours par exercer d’effroyables tyrannies.
C’est donc bien à l’école qu’il faut initier les enfants à vivre le respect de toutes les différences visibles : sexe, origines sociales, tenues vestimentaires, opinions, choix culturels… En étant toutefois vigilants sur toute forme de prosélytisme.
J’ai omis de dire que je n’avais lu aucune des contributions déjà rédigées. Je viens seulement de réussir à me connecter. Il est 23 h 58. C’est donc demain que je prendrai connaissance de vos écrits. Merci/
Une simple information – que je peux donner après avoir rencontré des difficultés pratiques pour créer un compte – je travaille sur la question « laïcité » depuis longtemps. Savez-vous qu’il existe un certain nombre d’écoles en France dans lesquelles la loi Goblet de 1886 – laïcisation du personnel – n’a pas pu entrer effectivement en vigueur. Il y en aurait une centaine et je cherche à les recenser. Pour ma part, je connais deux exemples :
Manigod : les inventaires ont été très durs dans ce village de montagne. Je possède un texte sur la question. Et l’instituteur public n’a pas pu rejoindre son poste; Ce n’est que depuis une dizaine d’années que l’école publique n’est plus confiée à un ou des prêtres. 2nd exemple : Chausey. Cette île qui dépend de Granville (sauf erreur de ma part) n’a plus d’école (devenue inutile … pour l’instant : il n’y a plus un seul écolier). Il y a une vingtaine d’années, peut-être un peu plus. L’instituteur, le curé, le secrétaire de mairie et le sonneur de cloches étaient une seule et même personne.
Je cherche à obtenir la liste exhaustive de ces écoles afin d’étudier chaque cas en recherchant les archives sur le problème. Je cherche avant tout à comprendre les motivations des populations qui ont conduit celles-ci à refuser la laïcité de l’école. Comprenons bien : ce n’est pas pour jeter le discrédit sur les populations actuelles. Je me m’érige pas en justicier. C’est tout simplement pour faire une étude sur cette question. Bien entendu, j’ai mis de côté la situation spécifique l’Alsace-Moselle.
Préambule :
Je ne pense pas que le modérateur accepte mon opinion car elle lui paraîtra contraire à la Charte de Modération.
Rappel : Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat.
» Article 1
La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. »
Il n’est même pas question de religion mais simplement de l’exercice des cultes.
Si l’on va chercher dans le document fondamental de notre République : Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.
Nous trouvons :
» Art. 10. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi. »
La religion est placée comme une opinion. Les hommes qui ont une opinion religieuse ont les mêmes droits que tout citoyen : « Art. 11. La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. »
Dire aujourd’hui : « liberté de croire ou ne pas croire » est une interprétation au bénéfice des opinions religieuses.
A cela j’ajoute qu’en 2015, on ne peut ignorer sous peine d’ accusations d’inculture que toute nouvelle vie humaine est le résultat de la fusion de deux gamètes qui apportent leur patrimoine génétique. Si certains pays inscrivent sur les documents d’identité la religion d’appartenance ( expression savoureuse lorsqu’on parle de liberté de pensée) ou la couleur de la peau, ils devraient plutôt inscrire le groupe sanguin. C’est un savoir vital de nos jours.
L’école doit être celle du savoir démontré. Le reste n’est qu’opinion et il n’existe aucun fait religieux , seulement des faits naturels et humains.
Ne pas savoir expliquer ceci ou cela à ce jour n’est que le constat d’ignorances qui pour certaines le resteront. Mais en aucun cas il n’est possible d’admettre un dogme. Ce serait la liberté de pensée enchaînée.
Bonjour. Parmi nous il doit y avoir de nombreux enseignants. Personnes méthodiques, ils ont généralement recours au dictionnaire pour trouver le sens exact des mots. Je parle bien entendu du dictionnaire en papier, les autres étant peu fiables.
Pour la définition de « laïcité », il est précisé qu’il s’agit d’un principe politique de séparation des religions et de L’État. Il ne s’agit pas du « vivre ensemble », mais du principe politique qui peut garantir de le faire dans une bonne harmonie.
La laïcité est ou n’est pas, sans qualificatif ou complément forcément réducteur qui amène à des contresens.
Je suis d’accord avec Laurent et Robert. “A trop craindre le pire, on le fabrique ! A trop rêver le meilleur, on y contribue.” Refuser le dialogue c’est laisser chacun se conforter dans sa propre opinion, chose aisée avec l’aide des médias et du phénomène de biais cognitif. C’est faire le jeu des terroristes qui jouent la stratégie gagnante à tous les coups : nous diviser.
Pour prendre le contrepied de la tendance actuelle, j’aimerais partager avec vous une étude récente qui montre que les jeunes, même après les terribles attentats de novembre, sont toujours optimistes quant au « vivre ensemble » et demandent plus d’engagement de la part des écoles dans l’enseignement de la citoyenneté. On ne nait pas citoyen, on le devient.
Bonne lecture !
http://www.opinion-way.com/pdf/ow_-_agefa_pme_-_l_ecole_et_l_apprentissage_de_la_citoyennete_synthese_-_decembre_2015.pdf
Bonsoir à tous.
On m’a récemment prêté le DVD du film autobiographique d’Abd Al Malik « Qu’Allah bénisse la France » que j’ai trouvé génial. Il devait être diffusé sur Canal+ le 17 novembre mais il a été déprogrammé suite aux évènements du 13 et est relégué aux horaires de nuit ou tôt le matin… C’est dommage car il aurait permis d’engager une discussion avec les lycéens, en cours d’EMC par exemple, autour de l’Islam et du monde de la banlieue. Certains d’entre vous ont eu l’occasion de le voir ? Qu’en avez-vous pensé ?
Pour ceux qui souhaiteraient le découvrir, je vous laisse ici la bande-annonce avec la critique de Télérama http://television.telerama.fr/tele/films/qu-allah-benisse-la-france,84724258.php
Très bonne illustration Laurent. Je trouve en effet que la trame de fond de ce film est vraiment intéressante (même si le genre du film autobiographique sur la vie d’un rappeur a perdu son caractère novateur de « film coup de poing »). C’est vraiment dommage de faire de la « censure » sur un film à ce point pour des raisons conjoncturelles. Soit un film est acceptable, soit il ne l’est pas (on n’empêche personne de changer de chaine après tout). Tout n’est pas relatif ! C’est comme le fait de supprimer les pistolets en plastique des magasins de jouets. Ça ne protège personne, et ça sous-entend un lien de cause à effet non avéré entre le jouet et les attentats. La seule chose que nous risquons c’est de rendre les armes encore plus séduisantes pour les enfants en les interdisant. On érode encore un peu plus le libre arbitre de chacun, en interdisant de faire le mauvais choix… Incitons plutôt les enfants (et adultes) à réfléchir par eux-mêmes, à faire des choix et à en assumer les conséquences (et oui, la liberté a un prix), et à respecter les choix des autres, ça sera déjà un bon départ pour le vivre ensemble choisi. La fraternité n’est pas un raccourci idéologique. Elle n’a de la valeur que si elle est choisie.
Nous avons la chance de vivre dans un pays dont les lois permettent à chacun d’exprimer sa différence individuellement socialement mais aussi sa citoyenneté dans les instances collectives.
La laïcité, c’est faire la part des choses entre ce qui relève du privé et ce qui est de l’ordre de l’intérêt général voire du service public.
Le soucis est sans doute d’éveiller la conscience politique de chacun afin que cela n’ait même plus à être discuté.
Apprenons à penser avec l’autre et nous penserons plus juste, apprenons à savoir être et nous saurons partager, changeons notre regard sur l’autre et nous saurons être réceptifs…
Je pense que la laïcité, doit s’apprendre dans la sphère publique (l’école) et, si possible, la sphère privée (la famille) avant d’être pratiquée dans la sphère civile. Je n’ai pas l’impression que ce soit le cas aujourd’hui . Avant de respecter les croyances et les convictions des autres, encore faut-il les connaître pour mieux se comprendre. On a peur de ce qu’on ne connaît pas.
Il me semble que, du moins à mon époque, la religion subissait une forme de rejet de la part de l’école, institution laïque par excellence (d’où la mauvaise interprétation de la notion de laïcité par de nombreuses personnes ?). Je ressentais une gêne, un malaise, comme lorsqu’un enfant demande à ses parents d’où viennent les bébés… Et ce tabou se transmet à mon avis. Avant de réussir à enseigner la religion aux enfants, il va falloir changer les mentalités, dédramatiser le sujet pour éviter que cette censure ne soit transmise aux générations futures.
Voici une vidéo que j’ai vue il y a quelques semaine, avec quelques bonnes idées d’actions concrètes pour alimenter la discussion : http://youtu.be/DV4jjJdyXDE